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Interview : L'Illusgraphie

 Interview : L'Illusgraphie


1 Présentez-vous.

Derrière le pseudonyme « l’Illusgraphie » se cache Aurélie. En quelques mots, après ma 3ᵉ, sur les conseils d’un professeur, je me suis immergée, dans les arts graphiques, puis à Paris, j’ai eu l’opportunité de pouvoir étudier l’Histoire de l’Art après un BTS en communication visuelle. 
Mon parcours m’a conduite à créer, à transmettre des messages à travers l’image, que ce soit par le graphisme, l’illustration ou la photographie, mais l’envie, le besoin d’écrire ont toujours été présents depuis mon plus jeune âge. 
Au collège et à l’internat, la poésie a été mon refuge, une manière de transcrire mes émotions lorsque la vie me semblait injuste. Je me souviens d’avoir écrit un poème dédié à mon cochon d’Inde. C’était un texte sur le deuil et l’abandon, et ce poème, qui avait fait pleurer un adulte, a changé ma relation avec les mots, leur tonalité et ma perception de moi-même. Les mots sont devenus plus importants. 
En ce sens, après avoir exploré l’écriture pour la jeunesse, j’ai décidé de m’essayer à la fantasy. Pourtant, c’est dans la fiction historique, notamment l’époque de Toulouse-Lautrec, que je trouve le plus de satisfaction. Je me sens comme une chercheuse d’événements, à la quête de dates clés qui peuvent justifier une ambiance et le ton de mon récit. Tous ces éléments chinés, étudiés, ressemblent à des maillons qui s’emboîtent de chapitre en chapitre. Je me réinvente à travers chaque personnage, explorant la petite et la grande Histoire, et n’oublions pas que nous sommes faits (d’un peu) de nous-mêmes et (beaucoup) des autres.


2 Où résidez-vous ?
J’habite à présent dans un ravissant village campagnard, lovée entre les vignes et sous le regard attentif du château de la Duchesse d’Uzès. Après avoir longtemps résidé au cœur palpitant de Paris, poser mes valises ici fut empreint d’une certaine appréhension quant à m’adapter au silence de ce nouvel environnement. Mais, je dois bien avouer que dans ce cadre propice à l’inspiration littéraire, la verdure environnante offre le calme nécessaire à la réalisation de projets plus importants. 
 

3 Quels sont les genres de lecture que vous appréciez ? 

J’apprécie particulièrement les textes féministes, me plongeant volontiers dans l’univers captivant de Colette et George Sand. Les essais, les biographies d’artistes, ainsi que les œuvres d’auteurs dotés du sens du drame et de la vérité, à l’instar d’Antonin Artaud, occupent une place spéciale dans mes bibliothèques (mentales et matérielles). Pour ma part, la lecture doit résonner, laisser une trace profonde, et je choisis des œuvres qui me ressemblent d’une manière ou d’une autre. Je note tout sur des carnets, car je crains d’oublier ce qui est beau. 

Dans ma bibliothèque, un volet d’œuvres gothiques occupe également une place de choix. J’ai été captivée par le roman « Petite » d’Edward Carey, ainsi que par toute la saga de la famille Caskey de Michael McDowell, une œuvre complètement surréaliste, fascinante et terrifiante. Les albums de Monsieur Toussaint Louverture sont de véritables bijoux, tant à la couverture qu’à leur contenu. 
Enfin, je ne peux pas omettre de mentionner ma passion pour les sciences occultes. Ce goût littéraire n’est finalement pas un hasard et vient toujours un peu plus nourrir cet attrait. 

4 Quand avez-vous commencé à écrire et quel type d’histoire ? 

J’ai commencé à écrire pour les autres, en évoquant l’idée d’être éditée, il y a une huitaine d’années, alors que j’exerçais en tant qu’illustratrice d’albums jeunesse traitant de sujets difficiles tels que le deuil périnatal.
En observant l’impact positif de ces livres sur les parents et les enfants, j’ai ressenti le besoin de témoigner de mon propre handicap, le bégaiement. 
Le bégaiement représente un défi dans une société qui ne le prend pas toujours au sérieux. Ayant travaillé dans le domaine de la communication, j’ai particulièrement ressenti les préjugés et les portes fermées liés à ce handicap. 
C’est un sujet parfois tabou, difficile à aborder. J’ai aussi constaté qu’il existait un manque de livres destinés aux enfants traitant de ce thème. Ceux destinés aux parents, souvent fournis par des professionnels, ne parlent pas suffisamment des émotions et frustrations liées au bégaiement, ce qui est, à mon sens, essentiel. C’est pourquoi j’ai entrepris d’écrire « Arthur et le téléphone », en décrivant aux parents ce que peuvent vivre leurs enfants. 

5 Quel est le titre de votre premier livre et sa date de parution ? Quel a été le déclencheur ou pourquoi vous être tourné vers la jeunesse ? 

Mon premier livre, « Arthur et le téléphone », qui aborde le thème du bégaiement, a été publié aux éditions MK67 en 2020. 
Par la suite, j’ai entamé l’écriture d’un texte sur l’autisme, un autre sur l’astrologie, tous deux encore à un stade d’embryon. Et, enfin, j’ai travaillé sur l’album « Babouchka et la magie de Noël ». 
L’origine de ce livre remonte à une expérience enrichissante lors de la réalisation d’un spectacle de Noël avec le centre de loisirs où je travaillais. Fondé sur un conte slave, ce spectacle a suscité en moi le désir de créer un album pour la jeunesse avec de belles images. 
Ayant commencé par écrire pour témoigner, je voulais maintenant explorer ma capacité à faire rêver. Et, en plongeant dans les contes nordiques, j’ai découvert un univers passionnant. 
Inspirée du conte de Babouchka et des rois mages, j’ai pris plaisir à intégrer des personnages emblématiques comme le père Gel, la fille des Neiges, et à en inventer de nouveaux, tels que Pavlo, fils de berger. 
C’était l’opportunité de créer un monde dans lequel se mêlent des personnages imprégnés de traditions catholiques et païennes, pour offrir une toute nouvelle perspective. 
Donner à croire pour plus de magie. C’était une chic mission. 

6 Pourriez-vous citer tous les titres déjà parus ? 

*Arthur et le téléphone chez Mk67 en 2020
*La boîte à biscuits : recueil collectif pour la clarté sombre des réverbères chez Jacques Flament éditions en 2020
*Babouchka et la magie de Noël chez Évasion Éditions en 2023

7 Quel est le déclencheur lorsque vous commencez à écrire une histoire ? Décidez-vous du contenu avant de vous lancer ? 

Lorsque je m’engage dans l’écriture d’un texte, c’est souvent en réponse à un défi que je me lance à moi-même. Parfois, cela peut également découler d’un travail d’introspection. 


8 Que voudriez-vous dire à nos jeunes lecteurs, lectrices pour leur donner envie de vous lire ? Ou à leurs parents ? ❤️

Lire un livre, c’est (s’) explorer. C’est entreprendre un voyage généralement initiatique, parce qu’on apprend toujours quelque chose sur nous-mêmes, peu importe le genre de livres choisi. 
Je crois que le livre est le meilleur des enseignants. En plus, il ne juge pas. 

9 Mettez une image que vous adorez et expliquez pourquoi.
Pour répondre à cette question, je choisis de publier ici une image du tableau « Chaumes de Cordeville » de Vincent Van Gogh qui m’émeut énormément. Voyez comme l’artiste a réussi à capturer la nature tourmentée, balayée par le vent comme une danse incessante… Et, malgré toute cette agitation, j’apprécie tellement cette peinture ! 

Peut-être parce que cette maisonnette évoque chez moi un sentiment réconfortant, et il me semble qu’elle nous invite à trouver la sérénité au cœur de cet extérieur plus que tumultueux. 

Cet extérieur est une métaphore, il est « les autres », il est « toutes les choses que l’on ne peut maîtriser ». C’est l’anxiété, quant à la maison, elle est le cocon. 
D’ailleurs, à ce propos, n’écrit-on pas mieux lorsque l’on se sent bien chez soi ?

En conclusion, je tiens à exprimer ma gratitude envers Coco Delecture pour son intérêt et la visibilité qu’elle offre aux auteurs. J’en profite également pour remercier chaleureusement mes binômes, les illustratrices Anna Talaï et Marie Rupil. Les images sont aussi importantes que les mots, et je regrette qu’elles ne soient pas mises davantage en lumière.

lillusgraphie@gmail.com





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