Cauchemars

Paranoïa:le jour où la pluie commença

Emilie COURTS

Publié aux Editions Evidence

Résumé

Une immersion dans la folie humaine « Paranoïa » n.f. Délire interprétatif construit sur une perception faussée du réel. Croyances de persécution liées à une menace perçue comme provenant des individus. Sarah, du haut de sa trentaine d'années, a une vie banale, triste, monotone, rassurante mais désespérément normale. Pourtant, de plus en plus de détails semblent perturber cette petite existence tranquille. Pourquoi l'appelle-t-on Sophie ? D'où viennent ses angoisses et ses cauchemars ? Curieuse d'explorer sa propre personnalité dissolue et ses souvenirs oubliés, elle découvre que son passé lui réserve de nombreuses surprises aux frontières de la réalité et que les maigres repères auxquels elle s'accroche lui glissent entre les doigts. Son insouciance et sa tranquillité ne sont qu'illusion et voleront en éclats pour ne laisser que tragédie, haine et dégoût.

Mon avis

Un roman qui m'a demandé un peu de réflexion car je dois dire que j'ai eu un peu de mal à comprendre l'histoire, du moins au début mais au fur et à mesure de mon avancée, j'ai compris où l'auteure voulait en venir.

Le personnage principal, que dis-je central de ce roman s'appelle Sarah. Un doux prénom pour une jeune femme en pleine force de l'âge.

Ça sera la première fois où je ne trouve pas mes mots pour tracer les grandes lignes d'une histoire.... Pourquoi? Après avoir longuement réfléchi, j'ai trouvé la raison: il n'est pas possible de résumé en gros cette histoire atypique mais très enrichissante.

Ce roman comporte 2 parties: 2 histoires totalement opposées mais qui sont similaires voire jumelles. Elles sont vécues par la même personne mais avec une vision diamétralement opposée. La raison: la maladie qui porte un nom qui fait frissonner: la paranoïa.

Définition de la paranoïa:Psychose chronique développée à partir du caractère paranoïaque, caractérisée par un délire systématisé et cohérent, à prédominance interprétative (délire de persécution, de grandeur, de jalousie), ne s'accompagnant pas d'affaiblissement intellectuel, évoluant lentement sans aboutir à la démence.

Sarah s'appelle t elle vraiment Sarah? Il est étonnant de constater qu'une même personne suivant son état mental peut décrire la situation de façon opposée. Dans l'une des deux, elle y parle énormément de sexe, de violence, de séances de sexe violentes, de viols, de traumatismes divers. Le comportement est hors norme, on pourrait croire que sa vision des rapports sexuels sont absolument inversée. Ses relations avec les hommes sont désinhibées et hors normes. Elle ne se contrôle plus, elle va souvent à l'encontre de ce qu'elle pense ou dit. En fait, tout se rapporte à la violence pure et à la limite trouve ça normal.

Alors que la seconde histoire est autant le dire "presque" normal. Une histoire d'amour, des problèmes d'argent, de confiance en l'autre jusqu'au grain de sel qui vient bloquer la belle mécanique. Ce grain de sel qui va faire tout basculer et c'est à ce moment là que j'ai compris la totalité de l'histoire.

Un roman complexe mais superbement bien écrit qui décrit la vision d'une personne saine d'esprit et donne la version de la même histoire de la même personne lorsqu'elle est atteinte de paranoïa.

D'après moi, la paranoïa est aussi une forme de protection que le cerveau a décidé de mettre en place tellement la réalité a été dure. En définitive, peut être que le cerveau a cherché à protéger Sarah des évènements vécus qui étaient traumatisants.

Je tire mon chapeau bien bas à l'auteure pour avoir réussi un tour de force en choisissant ce sujet qui est difficile à traiter. A mon avis, elle a cherché à nous faire comprendre les réactions et les visions de ces personnes atteintes de paranoïa. Et il est difficile de mettre des mots dessus et encore moins facile d'écrire une histoire sur cette maladie sans être lourd en essayant d'expliquer l'inexplicable. Il est facile de le lire mais il est très difficile de rester de marbre une fois que l'on a tourné la dernière page. Je dois bien vous avouer que j'ai eu les larmes aux yeux car l'histoire en elle-même est bouleversante, dure, injuste et je peux comprendre que le cerveau a bloqué et qu'il s'est mis en mode survie même si certaines personnes pensent que c'est juste une maladie. Ce n'est pas mon cas, je pense à la protection de son "moi" profond. 

Un roman que je n'oublierais pas de sitôt. Vous m'avez touché en plein coeur. Je vois les choses de façon différente...Merci pour ce moment de lecture.... Bravo