Accéder au contenu principal

Recyclés

Cédric Veto



Résumé


Oubliés.
Rejetés. 
Jetés.
Des gens sans importance, tombés un jour à la rue et dans la déchéance, animaux gênants et nuisibles aux yeux de la société.
Simples denrées périssables ou consommables jetables, auxquels on accorde la même place qu’aux ordures, ils suivent la même voie que les déchets produits en quantités astronomiques par l’organisme insatiable qu’est la mégalopole.
Gaspillage insensé, destruction de ce monde, tout se périme et se jette, tout lasse et s’abandonne pour finir entassé dans ce bourrier immonde, dans la décharge-monde.
À perte de vue s’étend un océan de déchets, alimenté en permanence par d’interminables caravanes de tombereaux aux ventres lourds et pleins, intarissables confluents et dégueulasses effluents qui se déversent ici en une ininterrompue affluence.
Les camions viennent vomir sur ce dépotoir, y dégueuler en abondance le fruit mal digéré de la consommation de masse.
Nouvel asile pour les plus démunis, nouvelle terre promise où tout est à nouveau possible sans le regard accusateur de ceux qui ont et qui possèdent, ils veulent à nouveau être, pousser dans ce terreau fertile sur lequel la vie va reprendre racine et les abandonnés se reconstruire.
Se réorganiser, retrouver fierté et vie sociale, ils recyclent à leur avantage ces excédents de production et font du gaspillage une bénédiction.
Tout se récupère et se revalorise, tout se mange ou s’utilise.
Et si aux yeux de certains les miséreux eux-mêmes avaient soudain une valeur marchande ?
Tourisme de la misère, impunité totale... le recyclage est en marche.

Mon avis

Cédric Veto est un auteur que j'ai découvert sur facebook au détour de recherches sur des indés et il m'avait été recommandé par une amie. Il est vrai que je ne papote pas souvent ou que je n'intervient pas souvent car je suis une personne assez timide...
On peut dire que Cédric à une plume acide, franche et sans détour.
Il est cru mais il dit ce qu'il pense.
Par contre, dans ce livre-ci, je trouve qu'il a été plus "sobre" dans l'écriture de "Recyclés".
Le thème du livre est vraiment d'actualité, dans notre vie de tous les jours. Qui ne recycle pas ses déchets, recycle des objets pour les utiliser d'une autre façon, sa nourriture pour ne pas jeter...
C'est devenu une nouvelle façon de vie, on le fait sans même y prêter attention. On fait en sorte de ne rien gaspiller et d'en profiter un maximum.
Oui, mais ce livre ne traite pas seulement du recyclage de nos déchets mais il parle d'un sujet qui relativement taboo et qui pourtant devrait nous faire réagir: LE RECYCLAGE DES GENS. Oui oui vous avez bien lu: on recycle les gens. La société préfère fermer les yeux sur la détresse des gens qui vivent dans la rue. C'est personne qui étaient comme vous et moi et qui ont tout perdu à cause de la crise, d'un problème familial ou de santé ou autre. C'est gens-là nous gêne, nous mettent mal à l'aise alors on ferme les yeux mais pas dans ce livre qui pour moi est un livre visionnaire, futuriste, avant gardiste...
Pour tout vous dire, j'habite en Belgique (plus précisément dans la région de Charleroi) et vous savez ce que la commune fait? Car il faut pas que les sdf soient là au vue et au su de tout le monde. Ils les obligent à changer de commune tous les jours (plus éloignées) afin que personne (et surtout pas la haute société que la ville essaye d'attirer) ne soit "effrayé" de les voir. Ça fait désordre.
Ça gêne les bonnes gens.
Dans ce livre, c'est à peu près la même chose sauf qu'on les éloigne dans une décharge, ils sont tous enlevés et jetés comme des déchets (de la société) dans une énorme poubelle où se trouvent les ordures et le gaspillage de la "bonne populace".
Nous voilà dans une nouvelle ère, le recyclage des personnes indésirables... Ne serait-il pas un peu visionnaire notre auteur?
Un livre très critique vis-à-vis de notre société et de notre mode de vie....La consommation et la beauté....
Je dois dire que ça faisait longtemps qu'une chronique ne m'avait pas pris autant la tête... Car il y a tellement à dire, il y a de quoi palabrer durant longtemps sur ce thème.
Bon en résumé: un livre qui pousse au débat, à la réflexion et qui "devrait" nous pousser à nous remettre en cause...quand je dis "nous", c'est la société de consommation et de gaspillage et de nos politiques (de n'importe quel pays) à revoir leur fondamentaux: le bien être des gens et aider les plus démunis. Nous avons besoin d'être rééduqué et de mieux utiliser nos ressources sous peine de conséquences irréversibles... Une histoire super bien écrite sans être trash mais un livre pour tout le monde. Ce n'est pas un simple thriller mais un livre de vie.
J'appréciais déjà l'auteur pour son talent brut de décoffrage, son langage sans ambages et ses critiques acerbes mais oh combien constructive mais il est tout aussi sensible, drôle et une plume qui dit tout haut ce que les autres disent tout bas.
Je vous applaudis à deux mains haut et fort pour ce roman qui est d'une grande qualité et je précise que ce n'est pas une critique de complaisance mais sincère.
Alors je recommande ce roman 5 étoiles... Merci pour cette lecture...

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Outsphere Guy-Roger DUVERT Résumé Après avoir quitté une Terre mourante du fait des erreurs de nos sociétés, l'Arche, premier vaisseau à coloniser une exoplanète, arrive au bout d'un long voyage de 80 ans. Les colons sortent de leurs caissons cryogéniques et découvrent ce qui doit devenir un nouveau commencement pour l'humanité. Une nouvelle planète, un monde principalement végétal baptisé Eden. Les surprises se cumulent vite : la surface abrite une espèce primitive mais intelligente, des ruines prouvent l'existence de civilisations passées avancées, le système climatique obéit à des règles très particulières. Mais malgré tout cela, la colonisation commence de manière somme toute très classique, avec les traditionnelles oppositions entre militaires, scientifiques, civils. Mais tout change avec l'arrivée d'un nouveau joueur : un second vaisseau spatial arrive, quelques mois seulement après l'Arche. A son bord, des Terriens partis 60 ans plus tard

Interview : L'Illusgraphie

  Interview : L'Illusgraphie 1 Présentez-vous. Derrière le pseudonyme « l’Illusgraphie » se cache Aurélie. En quelques mots, après ma 3ᵉ, sur les conseils d’un professeur, je me suis immergée, dans les arts graphiques, puis à Paris, j’ai eu l’opportunité de pouvoir étudier l’Histoire de l’Art après un BTS en communication visuelle.  Mon parcours m’a conduite à créer, à transmettre des messages à travers l’image, que ce soit par le graphisme, l’illustration ou la photographie, mais l’envie, le besoin d’écrire ont toujours été présents depuis mon plus jeune âge.  Au collège et à l’internat, la poésie a été mon refuge, une manière de transcrire mes émotions lorsque la vie me semblait injuste. Je me souviens d’avoir écrit un poème dédié à mon cochon d’Inde. C’était un texte sur le deuil et l’abandon, et ce poème, qui avait fait pleurer un adulte, a changé ma relation avec les mots, leur tonalité et ma perception de moi-même. Les mots sont devenus plus importants.  En ce sens, après avo

Et si le temps nous était compté

Et si le temps nous était compté Sophia Agapi Résumé À la suite du décès de son époux, Francine, quatre-vingt-trois ans, se voit contrainte d’aller vivre chez sa fille, Florence. Mais ses petits-enfants lui mènent la vie dure. Une idée un peu folle germe dans son esprit pour retrouver son chez-soi : pourquoi ne pas feindre de perdre la tête pour décourager sa fille de la garder à ses côtés ? Mais ses plans ne vont pas se dérouler comme elle l’avait prévu. Pour son bien, sa fille décide de la placer en Ehpad. Tout d’abord récalcitrante à sa nouvelle vie, Francine va peu à peu s’habituer à son nouvel environnement. Entre rires, émotions et amitiés, elle va apprendre que le temps nous est compté. Mon avis ⚜️ Je remercie Nelly Topscher et Sophia Agapi pour leur confiance. 💭 Ce qui m’a d’abord séduit, c’est la couverture. Tout en finesse, délicatesse et douceur. Le titre donne déjà la direction de l’histoire, mais sans déjà l’assombrir. Et pourtant ce qui a attiré mon regard, c’est la pers